Académie pour une Ecologie Intégrale Sanctuaire Notre-Dame du Chêne (72 Vion)

RETRAITE D'ECOLOGIE INTEGRALE  » Laudato Si’  » Février 2024

Retraite écologique Parcours Laudato Si Comment vivre l’enracinement naturel sans perdre son identité ?

     L'écologie intégrale veut aider à mieux vivre nos relations avec tous les êtres de notre univers. Pour se relier davantage avec les plantes et les animaux, la nature, il faut avoir conscience de l'enracinement de l'être humain pour qu'il devienne intendant de la maison commune. La terre ou la matière est l'un des fondements de nos sensations et de nos relations ; mais comment vivre son lien aux autres et à plus grand que soi ?

Comment vivre l'enracinement naturel sans perdre son identité ?

Au programme : 

Introduction sur Notre-Dame du Chêne et l'Ecologie Intégrale. Fr Marie-Benoît. Voir

Permaculture, Jardins, François Aussems. Voir

De l’adamah à l’Adam, les racines du ciel, l'homme tiré de la terre, Zélie Basson. Voir

Fresque du Climat, Fr Marie-Benoît.

Potentialité de la nature, richesse des végétaux, Stéphanie Ménard. Voir

Ateliers pratiques autour de la découverte des végétaux : développer un regard nouveau, Stéphanie Ménard, Voir

Cultiver son enracinement entre ciel et terre, Isabelle Priaulet. Voir

Pour un humanisme cosmomorphe ou une cosmologie anthropologique, fr Jacques-Vianney Voir

La Création : un monde enchanté, un Dieu concerné, un homme jardinier, fr. Jean-Pierre-Marie

L'arbre ouvert au transcendant, Isabelle Priaulet

Fresque de la Biodiversité, Fr Marie-Benoît et Stéphanie Ménard.

L'Écologie intégrale, un chemin nécessaire pour l'Église, Mgr Jean-Pierre Vuillemin, Evêque du Mans. Voir

 

Introduction sur Notre-Dame du Chêne et l'Ecologie Intégrale. Fr Marie-Benoît.

Père Marie-Benoit Bastier, est frère de Saint-Jean, Philosophe et théologien. Il assume la coordination générale de l’Académie pour l’Ecologie Intégrale à La Chapelle du Chêne.

 

Permaculture, Jardins, François Aussems.

François Aussems, ancien agriculteur expérimenté, a créé et développe les jardins permacoles de Notre-Dame du Chêne. Il y partage son savoir-faire avec pédagogie et compétence.

 

De l’adamah à l’Adam, les racines du ciel, l'homme tiré de la terre, Zélie Basson.

Zélie Basson est doctorante en théologie de l'écologie, UCLy. Elle est aussi APS dans l'institution Saint-Charles à Viennes et mère de famille.

 

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Potentialité de la nature, richesse des végétaux, Stéphanie Ménard.

Stéphanie Ménard est ingénieur agronome et herboriste.

 

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Ateliers pratiques autour de la découverte des végétaux : développer un regard nouveau, Stéphanie Ménard.

 

Cultiver son enracinement entre ciel et terre, Isabelle Priaulet.

Diplômée de l'ESCP/EAP et de l'ICP/ISTR, Isabelle PRIAULET vient de soutenir une thèse de philosophie sur le thème de la « conversion écologique ».

Enseignant aujourd'hui dans différents établissements, elle dispose également d'une expérience professionnelle d'une quinzaine d'années en entreprise, dans l'univers de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et de la finance éthique notamment.

 

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Pour un humanisme cosmomorphe ou une cosmologie anthropologique, fr Jacques-Vianney, fsj.

Frère Jacques-Vianney Laurent est entré en 1980 chez les Frères de Saint-Jean puis ordonné prêtre en 1986. Il a fait ses études de philosophie et de théologie à Fribourg, Rimont, Strasbourg et Angers. Ensuite, il a enseigné à Rimont la théologie contemporaine et a travaillé sur les questions d'entrepreneuriat, et d’éducation. Actuellement, il réfléchit sur les attendus de l’écologie en anthropologie et en théologie.

 

Monseigneur Vuillemin : L'Écologie intégrale, un chemin nécessaire pour l'Église

Mgr Vuillemin ND du ChêneJe suis devenu apiculteur à 22 ans, cultivant un lien profond avec la nature depuis l’enfance, grâce à mes parents. Lorsque j'étais Evêque Auxiliaire à Metz, on m'a demandé d'accompagner le pôle « Ecologie et société » de la Conférence des Evêques de France, pendant quatre ans. Nous avons publié Des Hommes et des Animaux, un petit ouvrage cherchant à poser un regard chrétien sur l’éthique animale.

Lors de leurs assemblées plénières, à Lourdes, les Evêques ont abordé le sujet de l’écologie intégrale à travers différents angles, pendant trois ans. J’ai également travaillé avec les référents à l’écologie intégrale des diocèses français, aboutissant à une cinquantaine de propositions très concrètes pour les communautés chrétiennes. En collaboration avec Pascal Ballemand, nous avons publié ces propositions, assorties des conférences qui ont été données lors de ces assemblées plénières et de quelques témoignages d'évêques, dans un ouvrage qui s'intitule Ensemble pour la Terre.

Le pôle « écologie et société » de la Conférence des évêques travaille également en lien avec Église Verte, un parcours œcuménique accompagnant l’engagement à l'écologie intégrale des familles et des communautés chrétiennes qui le souhaitent.

Mon engagement découle de mon intérêt pour l'écologie, nourri par mon passé familial, par une certaine expérience personnelle, ainsi que des lectures diverses et mon service ecclésial.

Mon intervention d'aujourd'hui comporte trois parties.

Première partie : une nature ni sacralisée ni instrumentalisée

 Dans cette première partie, j'explore notre lien avec la terre, souvent appelée « la nature » ou « la Création ». Nous devons éviter les extrêmes de la sacralisation de la nature ou de son instrumentalisation. Laudato si' souligne que tout est lié, louant d'abord le Créateur. C'est Lui qui est premier et qui est digne de louanges. Le reconnaître, c'est se protéger de tout anthropocentrisme et de toute dérive panthéiste ou animiste.

Il est crucial de ne pas instrumentaliser la nature et de ne pas la sacraliser, mais de la considérer comme une alliée. Un rapport équilibré avec la nature est nécessaire. Il nous évite, par exemple, d'accaparer excessivement les ressources mises à notre disposition, sans réfléchir aux répercussions que cela pourrait avoir. La Création nous est donnée, non pas pour que nous l'exploitions sans discernement, mais pour que nous en soyons de bons gérants. Il est normal de « prendre » dans la nature ce dont nous avons besoin. Il est cependant nécessaire, en même temps, de « rendre » à la nature ce dont elle a besoin pour rester hospitalière envers tous les êtres vivants. L'acte de « prendre » doit être maîtrisé, tout comme doit l'être notre avidité.

On observe, par exemple, que partout où la terre est partagée, des systèmes démocratiques et prospères ont tendance à émerger. Tandis que l’accaparement de la terre par certains, conduit à des régimes autoritaires et destructeurs. Sauver la terre et restaurer la justice sociale vont de pair, comme le souligne le Pape François dans les encycliques Laudato si' et Fratelli Tutti.

Il est impératif d'intégrer le soin des populations pauvres et migrantes dans nos préoccupations écologiques. Ces deux encycliques offrent des boussoles très fiables pour nourrir notre discernement. Destinée à n'être ni sacralisée, ni instrumentalisée, la nature doit toujours être considérée comme notre alliée car sans elle, notre survie est compromise.

Deuxième partie : tout est lié

Laudato si' souligne l’interconnexion entre les problèmes sociaux et écologiques. Elle cite notamment la migration forcée, due aux conditions invivables causées par le dérèglement climatique. Les effets du dérèglement climatique sur certaines professions, telles que l’enseignement, sont déjà perceptibles. Dès le printemps, la chaleur excessive dans les classes d'école pose de sérieux problèmes.

La Création est un don de Dieu pour tous, instauré à partir d'une sorte de « communion universelle » où chaque créature est unique, mais est en relation et en dépendance avec un ensemble complexe. L’homme est au cœur de la Création, avec cette capacité unique d'en comprendre les mécanismes complexes. Il est aussi capable de se protéger des effets destructeurs de certains phénomènes.

La richesse de la Création est révélée par la science, qui met en lumière les interactions complexes et subtiles entre les différents éléments de la nature. L’écologie est certes une science, mais elle est aussi une exigence de compréhension et de soin envers la Création. Comprendre la nature est essentiel pour en prendre soin et en faire une alliée.

Nous sommes appelés à vivre en harmonie avec la nature, à apprendre de nouveaux « arts de vivre » et à reconnaître la place éminente, quoique exigeante, qui est la nôtre.

Troisième et dernière partie : connaître la Création pour mieux en prendre soin.

L’écologie dépasse les notions d’idéologie et de politique, invitant à une réflexion profonde sur la complexité des phénomènes naturels, des écosystèmes et de la biodiversité. Cette compréhension demande non seulement d'observer, mais aussi de contempler.

En milieu urbain, notre rapport à la nature est souvent limité à des parcs ou à des aménagements, réduisant ainsi notre connexion avec la Création. La question se pose alors de savoir comment maintenir un lien authentique avec la nature, alors même que cela devient un luxe de plus en plus rare.

Certains citadins, bien que militants écologistes, peuvent manquer d'un lien régulier avec la nature, qui leur permettrait de la connaître autrement que de manière théorique. Il arrive également que de nombreuses peurs les habitent. Celles-ci viennent parfois altérer la qualité de leurs raisonnements.

Les militants sont parfois excessifs. Mais ils réveillent notre conscience. Celle-ci nous pousse à reconnaître notre interdépendance avec la nature, ainsi que les conséquences de nos manières de vivre sur son équilibre.

Des pratiques, comme la permaculture, offrent des solutions sérieuses, en cherchant à rétablir les équilibres naturels et en favorisant la biodiversité. Mais cela demande du temps et de la patience, contrairement aux solutions rapides mais destructrice, telles que l'emploi excessif de produits chimiques.

Pour maintenir un lien avec la Création, on peut adopter des pratiques telles que : se promener dans la nature (avec un sac poubelle pour ramasser les détritus sur le chemin, c'est encore mieux !) et la contempler, pratiquer le jardinage, nager, etc. Plutôt que de simplement « protéger » la nature, il est préférable de la « soigner », et de se laisser soigner par elle. Lorsque, par exemple, nous passons quelques heures dans une forêts, nous nous sentons ensuite comme « régénérés ».

En conclusion

Prendre soin de la Création demande de reconnaître l'importance des liens que nous devons tous avoir avec elle et d’adopter ensemble un certain nombre de pratiques vertueuses. Cela implique de renoncer à une domination destructrice qui altère notre ressemblance au Créateur.

La domination destructrice, souvent associée à la puissance et à la force, peut être remise en question à travers une certaine interprétation biblique de l'Exode. Dans le désert, Moïse s'éloigne du peuple qui lui est confié, pour recevoir les Tables de Loi. Pendant son absence, les Hébreux fabriquent un « taurillon » d’or, pouvant symboliser la puissance et la domination. Moïse, revenant avec les Tables de la Loi, va orienter le peuple de Dieu vers un autre type de domination. Il s'agit, pour l'homme, d'apprendre à dominer le mal qui, souvent, le domine. Le carême est un temps de purification, où l'homme apprend à dominer à la manière de Dieu, le Dieu de la vie et de la multiplication et non pas le Dieu de la destruction. On apprend à dominer ses avidités de toutes sortes, ainsi que ses peurs, à travers lesquelles Satan cherche à s’infiltrer.

La société de surconsommation conduit à un épuisement de la terre et de soi-même. Nous sommes appelés à une véritable conversion individuelle et collective, qu'il nous faut promouvoir en toute occasion.

+ JP Vuillemin
Evêque du Mans